On s’intéresse aux liens étroits entre la biodiversité et les virus.

Mathieu Vidard

https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-carre/l-edito-carre-18-mars-2020

Depuis toujours Nicolas, de très nombreuses maladies infectieuses ont accompagné l’espèce humaine. Et leur impact dans certains cas a été considérable. Citons les 40 millions de morts liés à la pandémie de grippe espagnole qui sévit en 1918 et 1919 ou les épidémies de peste noire qui ont décimé au XIVe siècle 20% de la population française. 

Mais à partir de la fin du XIXe siècle on assiste peu à peu à une diminution drastique de ces maladies grâce au développement des conditions d’hygiène, puis de la vaccination et des antibiotiques. Sauf que depuis quelques décennies, de nombreuses nouvelles maladies infectieuses sont apparues parmi lesquelles le VIH/Sida, la fièvre hémorragique d’Ebola ou le SRAS. 

Et aujourd’hui 60% de l’ensemble de ces maladies résultent d’une transmission d’agents infectieux de l’animal à l’homme. 

Et comment ces transmissions sont elles rendues possibles ? 

Et bien par la modification des contacts entre la faune sauvage et l’humain. Dans le nouveau numéro du « UN » l’écologiste de la santé Serge Morand explique que nous avons créé de nouvelles conditions écologiques propices aux épidémies. Il explique par exemple qu’en raison de l’intensification de la production animale pour la consommation humaine et l’augmentation de la superficie des terres agricoles, la faune sauvage voit son territoire se réduire. Contrainte de se déplacer, elle côtoie davantage les animaux domestiques. L’écologue Jean François Guégan le confirme également. L’actuelle pandémie de coronavirus est directement liée à ces bouleversements de l’environnement. Des travaux en cours de publication semblent confirmer que le virus est extrêmement proche, sur le plan génétique, d’une espèce de pangolin qui est chassée pour être consommée notamment par les Chinois. Cet animal serait l’hôte intermédiaire entre la chauve souris porteuse du virus et l’homme. 

Les activités humaines favorisent donc ces maladies ?

Absolument. Jean François Guégan cite l’exemple des vautours en Inde qui pendant longtemps ont joué un rôle majeur d’équarisseur naturel pour le pays en débarrassant les carcasses mais aussi les micro-organismes grâce à l’acidité de leur appareil digestif face auquel les virus et les bactéries ne peuvent pas résister. Malheureusement à partir des années 90 les populations de vautour ont commencé à chuter. Les scientifiques ont découvert que cette diminution était liée à un anti-inflammatoire donné au bétail. En mangeant les carcasses les vautours se sont exposés à des doses mortelles qui les ont décimé. Résultat : les points d’eau ont été contaminés par les carcasses en train de pourrir et qui étaient auparavant mangées par les vautours. La place laissée vacante a été prise par les chiens errants ou les rats qui sont porteurs de maladies comme la rage. Aujourd’hui, en Inde des dizaines de milliers de personnes meurent chaque année de cette maladie. 

Jean-François Guégan conclu en disant que nous nous prenons en pleine figure un véritable retour de boomerang en raison de nos interactions de plus en plus forte avec les écosystèmes que nous avons fragilisés. 

Plus que jamais en ce temps de coronavirus nous devons réfléchir à l’importance de les protéger pour égoïstement nous protéger nous-mêmes. 



Siège social, Campus Condorcet, Bureau 2127,
2ème étage, Bâtiment Nord Recherche Condorcet
14 cours des Humanités. Aubervilliers - 93300 ( France)