De la recherche du temps perdu, à la « co-inclusion » de l’Autre en soi
« Critique de la raison nègre » de A. Mbembe m’a permis de cheminer entre sociologie et histoire en me donnant des outils pour penser la « situation » postcoloniale et la manière dont elle module mon positionnement en tant que chercheuse. Sa lecture a mis les mots sur l’expérience sensible que j’ai faite lors de mon terrain ethnographique, qui a consisté en de nombreux allers-retours entre l’Algérie et l’Europe entre 2014-2016. Alors que je m’ancre dans une épistémologie du « savoir situé » (Dorlin, 2009), « Critique de la raison nègre » m’a permis de questionner ce qui est en jeu lorsqu’on pense et qu’on écrit l’Afrique depuis sa diaspora, son ailleurs, en l’occurrence pour une femme « immigrée » qui tente un « retour » au pays natal. Il a mis la lumière sur le rapport au temps dans la structuration de la subjectivité et l’infinie possibilité de combinaisons qu’offre la « concaténation » du temps pour les acteurs sociaux. Partant donc de mon expérience personnelle pour remonter en généralité, j’aimerais montrer comment ma « recherche du temps perdu » s’est soldée en illusion mais a permis à une « identité passante » d’éclore, une identité qui ouvre les canaux de communication entre le moi et son double, en co-incluant l’Autre en Soi.