L’injure diagnostique. Pour une anthropologie de la psychanalyse

Thamy Ayouch

L’injure diagnostique. Pour une anthropologie de la psychanalyse

L’appréhension, par certains psychanalystes, des homosexualités, des transidentités, ou des postures de sexualités et de sexuation non binaires relève souvent de l’ « injure diagnostique » : elle perpètre une pathologisation de ces subjectivations non hétérocentrées et impose la conformité à un modèle de normalité psychique. Privant les principaux concernés de toute capacité symbolique, en exigeant une confession de leur ignorance, cette injure diagnostique a pour fonction de produire la vérité de leurs désirs et de leurs corps. Le propre de cette posture consiste à confondre à l’envi des considérations métapsychologiques ou techniques et des insultes directes, reprises à l’homophobie et la transphobie ordinaires. Ces considérations théoriques ou cliniques sont injurieuses du fait de leur performativité : elles produisent une subjectivité qui ne les précède pas, en dissimulant cette performativité par la référence à un espace pré-discursif, psychique, universel, qu’elles révèleraient.

La resignification et le retournement de l’injure qu’effectue la perspective queer questionnent alors las cientificité de ces discours analytiques et leur expertise. En résulte ainsi, à partir de la perspective féministe des Gender and Queer Studies, une « anthropologie de la psychanalyse », du fait du croisement de deux regards. Cette « anthropologie » fait surgir la question de l’énonciation du discours analytique,qui requiert, pour que la psychanalyse demeure psychanalytique, de détailler le fonctionnement proprement analytique de la clinique et de la théorie, et d’appréhender le discours de certains psychanalystes à la fois en termes analytiques et en termes foucaldiens et féministes.



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